Un nouvel amour pétronillesque

Publié le par Petronille

Oyez oyez lecteurs de mon coeur, l'odinateur pétronillesque, complice fidèle de toutes ses péripéties et (més)aventures depuis 6 ans, vieille bourrique vrombissant plus fort qu'un moteur de tondeuse à gazon, chauffant mieux qu'un radiateur d'appoint (vous cuisant un oeuf dur en un temps record), pesant plus lourd qu'un enfant de 5 ans et sifflant plus que les ronflements de Tante Suzon, l'ordinateur pétronillesque - disais-je - est décédé pour de bon il y a quelques semaines (ce dont se félicitent mes voisins de table à la BNF). Dans un dernier soubresaut, il a subitement fermé toutes les pages Word sur lesquelles je travaillais consciensieusement (tellement que, bien sûr, je n'avais pas tout sauvegardé..!), envoyé des brouillons de mails à des amis fort surpris de la teneur  confuse des messages, et agoni dans un "pouic" déchirant.

J'ai donc réagi comme toute fidèle maîtresse l'aurait fait : je lui ai fermé son clapet, l'ai traité de tous les noms d'oiseaux qui me venaient à l'esprit (dont certains en patois, et c'était pas joli-joli, je vous prie de me croire) et me suis empressée de commander son remplaçant sur le net, trois fois plus rapide, trois fois plus puissant et trois fois moins cher (si seulement tout pouvait être aussi simple, ma bonne dame).

Lequel remplaçant est arrivé, frais et dispos dans son emballage cartonné quelque peu raboté par les aléas du transport routier. Déposé gaillardement par le livreur dans un point-relais (un opticien près de chez moi), il m'attendait sagement, mais quelque peu fébrile dans l'attente de la rencontre, ce qui est bien naturel, avouons-le sans fard. Moi-même je me sentais nerveuse, n'ayant eu d'autre compagnon de travail que mon vieux portable pendant 6 ans, et comme disent les sages, les grands-mères avisées et les copines bourrées : "on sait ce qu'on perd, mais on ne sait pas ce qu'on retrouve".

Nous avons tout de même frôlé le drame lorsque l'opticienne s'est mise dans la tête de me vendre une paire de lunettes à tout prix avant de prendre la peine de chercher mon colis. Ce qui donna à peu près ceci :
- Bonjour, vous avez reçu un colis pour moi (lance Pétronille d'une voix gaie)
- Et à part ça, vous n'avez pas besoin de lunettes par hasard ? (la dame, ne bougeant pas d'un cil)
- Non, je n'en porte pas. Je vous donne mon nom ou il vous faut une pièce d'identité ?
- Et des lunettes de soleil ? Vous n'en auriez pas besoin des fois ? Vous pourriez au moins regarder notre collection.
(cette femme a une capacité à rester immobile proprement hallucinante)
- Euh...comme vous pouvez le constater, j'en porte présentement sur mon nez mignon.
- Mais on peut vous les faire rembourser par votre Mutuelle.
- Alors voilà ce qu'on va faire : je vous donne mon nom, vous me donnez mon colis. Qu'en dites-vous ?
- C'est quoi, votre Mutuelle ?
- Ecoutez, je suis venue chercher un colis, et pas des lunettes. Sinon, étant une personne posée et intelligente, je serais entrée en disant "bonjour, je voudrais des lunettes" (bien sûr, je n'ai pas dit ça, ni même pensé ça - en réalité de pensais plutôt à des choses beaucoup moins politiquement correctes)
- Bon, je vous laisse notre carte, comme ça vous saurez nous retrouver pour venir chercher vos lunettes de soleil.

Environ 30 minutes plus tard (tout de même), je repartais avec  sous le bras mon nouvel ordinateur, d'une légèreté confondante, dont je me trouvais déjà totalement énamourée. Et le lendemain, je l'ai solennellement et néanmoins allègrement présenté à mon entourage bibliothécant, qui hésita presque à faire péter la bouteille de champagne pour célébrer la fin de la pollution sonore de la salle de lecture, et le retour à une température normale aux abords de ma table de travail. A présent, les gens ne se battent plus pour être assis à l'autre bout de la salle. Et moi je découvre les nouveaux inconvénients liés à l'utilisation d'un ordinateur silencieux : j'entends distinctement la musique qu'écoute ma voisine de table dans ses écouteurs, et je me gèle les doigts sur mon clavier non chauffant.

Oui, je sais, je ne suis jamais contente...!
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
C
C'est malin d'acheter un ordinateur maintenant ! Vous savez bien qu'au Québec, ils n'ont pas les même prises de courant qu'ici (pas grave) et qu'ils sont sur 110 volts (plus chiant).
Répondre
P
<br /> <br /> Ben oui, je sais bien, j'ai longtemps hésité, mais j'en ai vraiment besoin pour travailler.<br /> Est-ce que ça veut dire que ce n'est même pas la peine d'envisager l'emmener avec moi de l'autre côté de l'Atlantique (je l'aime déjà tellllllement) ?<br /> <br /> <br /> <br />