Mais que fait Pascal Obispo ???

Publié le par Petronille

Pétronille (moi, donc) exerce le plus beau métier du monde : celui d’éduquer la belle jeunesse de notre beau pays, toujours assoiffée de connaissances et désireuse d’apprendre. 


Parfois, lorsque je me tape des heures de train juste pour aller enseigner deux heures à de jeunes adultes encore sous le choc d’être sortis presque indemnes des émois de la puberté et qui découvrent les joies des beuveries estudiantines qui leur inspirent des poèmes exaltés en plein pendant mes heures de cours, je me prends à rêver.

Je me prends à rêver à ce qui aurait été si je n’avais pas aimé faire des études, et si je ne m’étais pas fais suer les genoux à faire 10 ans d’études après le bac.


Si je n’avais pas fait ces études, je ne serais pas aujourd’hui à 30 ans l’heureuse détentrice d’un emploi précaire payé à coups de trique par l’Education Nationale. Je ne travaillerais pas dans deux villes à la fois, à savoir celle où j’habite et celle où je me rends deux fois par semaine en train et qui se trouve à l’autre bout de la carte de France.


Je ne donnerais pas gracieusement la moitié de ma paie à la SNCF (qui n’a même pas la bonté, en remerciement, de faire arriver ses trains à l’heure pour m’éviter d’attendre la correspondance deux heures à 23h30 sur un quai de gare désert et venteux). Si vous y ajoutez le prix d’un loyer à Paris pour quelques mètres carrés au dernier étage sans ascenseur sur un palier habité par des êtres étranges (je ne parle même pas des impôts et de la mutuelle des profs, car je n’ai pas vocation à faire pleurer dans les chaumières), vous imaginez le standing d’une jeune trentenaire diplômée qui fait cours avec des trous dans ses chaussettes.


Alors que si j’avais eu l’intelligence de me spécialiser dès les jours bénis de mon adolescence dans une formation professionnalisante, je serais aujourd’hui chauffagiste et je pourrais faire attendre des mois les gens en panne de chaudière qui me béniraient quand j’arriverais enfin chez eux, telle le Messie avec sa boîte à outils, et les sauverais d’une pneumonie galopante pour la modique somme de 690 euros taxes comprises, et encore c’est un prix d’amis, je ne vous compte pas le joint que j’ai du remplacer à mes frais (et qui vaut 0,57 centimes chez Monoprix). J’aurais tellement de travail, et la demande serait si énorme, que je pourrais demander 120 euros rien que pour enlever 2 boulons pour faire mon diagnostic et ensuite je demanderais 45 euros rien que pour écrire sur une feuille à en-tête « DEVIS » la somme que requerrait le travail de mes mains expertes (alors que quand je corrige 180 copies en une semaine, je ne gagne rien, si ce n’est le droit d’investir dans un stock de stylos rouges et le sentiment du devoir accompli). Et puis après, j’enverrais mon jeune apprenti de 10 ans faire le boulot tout seul, il y passerait la journée, m’appellerait 16 fois sur mon portable pour me dire « je trouve pas le trou où mettre le tournevis » et autres phrases à fort potentiel de stress pour le client, inonderait la salle de bain, s’ouvrirait l’index, maculerait de sang les serviettes éponges du client qui commencerait à se demander si la pneumonie n'aurait pas mieux valu que la crise cardiaque, finalement, quand on y réfléchit. 


Mais je m'égare et je laisse mes problèmes personnels de démêlés chaudièresques prendre le dessus sur le reste.  

 

Tout cela pour te dire, cher lecteur, qu’à moins d’être très haut placé ou pistonné chaudement, le jeune prof vit dans une galère noire et aucun chanteur engagé n’en parle, même pas Pascal Obispo qui pourrait avoir l’obligeance de rameuter ses troupes pour leur faire chanter en chœur « la complainte du jeune prof » et offrir la recette (c’est-à-dire 1% du prix de chaque CD acheté) à la Caisse de Secours du jeune prof en détresse (à créer d’urgence). 

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M
Pascal Obispo... mais enfin Pétronille quoi... tu sais de qui tu parles là? Pascal Obispo... attends mais tu sais bien qu'il ne faut rien lui demander ! (déjà que sans rien lui demander il fait/dit/chante des conneries, si EN PLUS on le presse, imagine le désastre!)
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J
Welcome to ze profoblogosphere!
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P
Merci tout plein ! Je suis allée voir ton site, et venant d'une prof stressée (compatissante, donc) qui aime Thiéfaine (une femme bien, donc), ça me fait encore plus plaisir !